Hommage à Meije
Elle s'appelait Grazina-Meije.
"Grazina", car née en 2011 c'était la lettre "G". J'avais cherché sur le dictionnaire Polonais et la traduction était "Belle" . Un prénom de son pays d'origine qui lui allait si bien.
Car elle était BELLE !
Puis j'ai voulu rajouter Meije. Le nom de ma montagne fétiche "La Meije". Le dernier massif des Alpes à être gravi. Un massif très dur que seuls les bons alpinistes peuvent faire. On nomme aussi ce massif "Reine Meije". Ce nom lui allait si bien.
Car elle avait tant de PRESTANCE !
Elle était née dans l'Oisans pas bien loin de la Meije. Nous avions été la choisir alors qu'elle n'avait que 5 semaines.
Elle était ronde, pelucheuse et douce et semblait si bien au creux de mon bras.
Meije a vécu une première partie de sa vie avec nos deux autres chiennes. Sa grand-mère Teçza et Anouchka (notre Bernoise)
Puis à leurs départs est arrivée Ilona.
Presque 10 ans de vie avec nous.
Elle était si belle qu'elle aurait pu faire des expositions et de la reproduction. Mais ce n'était pas "notre truc".
Nous lui avons donné le titre "d'accompagnatrice en montagne"
Des randonnées en montagne elle en a fait et elle connaissait bien les cols, les sommets et les lacs. Je savais que les chemins qu'elle choisissait de prendre étaient réfléchis et que nous pouvions à notre tour nous y engager.
Elle était extrêmement gardienne et protectrice. Rien ne lui échappait ... c'était "l'oeil de Moscou"
Elle aurait fait une excellente chienne de travail. Faute de garder des moutons, elle nous gardait. Nous ses "2 bipèdes" puis nos animaux qui étaient son clan (chats, oiseaux et tortues)
Elle était d'une patience envers nous, d'une gentillesse et d'une douceur. Jamais le moindre énervement.
Pour nous mais juste pour nous c'était un coeur entouré de fourrure.
Personne d'autres que nous deux pouvait la toucher. Impossible de la corrompre par un bout de fromage ou de saucisse donné par un étranger.
Alors bien-sûr, je l'avoue le quotidien n'a pas toujours été facile. Chez un chien de protection, l'être humain inconnu est immédiatement perçu comme un prédateur. Il fallait anticiper. Avoir de la tolérance, de la patience, de la disponibilité et de la compréhension.
Depuis le tout début Janvier nous savions que Meije avait un cancer de la vessie. Elle était inopérable et son temps était compté.
Nous avons voulu vivre avec elle une fin heureuse et je sais qu'elle a pu l'être. (randonnées, roulades dans la neige ou dans les alpages, trempages de pattes dans les lacs et plus)
Tout à été très vite. Une échographie nous a fait prendre la décision de l'endormir. Toute la paroi de la vessie était tapissée de tumeurs. Elle ne souffrait pas encore mais très vite elle n'aurait pu uriner. Elle est partie paisiblement entre nous deux.
Je me suis retrouvée non pas avec une petite boule de poils de 5 semaines au creux de mon bras mais avec sa grosse tête qui pesait lourd sur mon bras lui disant combien je l'aimais .
Un 10 ans qui est allé si vite !
Je n'ai jamais voulu avoir une relation anthropomorphique avec Meije (comme avec mes autres animaux). Je n'ai jamais voulu les porter à un rang d'humain. Ce ne sont pas mes enfants mais ce sont mes amis. Oublier leur vraie nature c'est les dégrader et leur témoigner peu de respect.
Meije a été une amie formidable, un guide, une présence, une affection, un réconfort. Son absence fait mal.
Comme mes autres animaux elle est là maintenant dans mon coeur bien au chaud.
J'écris ce texte d'un jet, laissant aller mes émotions.
Meije a pu nous faire un immense cadeau, nous donner 7 mois pour nous préparer à son départ. Même si j'ai un poids dans la poitrine et des larmes qui coulent tout est moins douloureux.
Au revoir à "Notre REINE MEIJE"